Le Baccara ou Chemin de Fer


     Historique

     Le Baccara a été introduit en France sous Charles VIII par des chevaliers revenant des guerres d’Italie. Le Baccara est aussi connu au XIXème siècle sous le nom de chemin de fer car le sabot se déplaçait autour de la table comme le faisait jadis les michelines ou les trains de gare en gare.


     Ce jeu s’est surtout développé dans le midi de la France sous Louis Philippe, il connut une expansion phénoménale et se propagea dans le monde entier.
Le Baccara se pratiquait dans les casinos mais aussi dans les salons privés de l’Aristocratie et souvent même à la cour.


     C’était un jeu très convivial longtemps pratiqué au XIXème et XXème par une bourgeoisie aisée, très prisé par les riches industriels et une aristocratie en mal d’aventures.


     C’était devenu un rendez vous habituel, souvent le soir après un dîner copieusement arrosé au champagne. La plupart des joueurs de Baccara étaient invités par la direction, évidemment le repas leur coûtait parfois très cher.





     Fonctionnement

1 – Valeur des cartes
Chaque carte possède sa valeur nominale : As vaut 1, le 2 vaut 2 etc... le 10 vaut 10 et les figures couramment appelées bûches (Valets, dames, rois) valent 10.
Les cartes sont longues, à l’intérieur le chiffre est représenté par le nombre correspondant au nombre de symboles.
Ex : 8 pique : la carte représente 8 petits piques en noir.

2 – Valeur du point au Baccara
Pour évaluer le point du « Ponte » ou de la « Banque » on additionne les cartes en pratiquant le système mathématique module 10 c’est-à-dire en ne tenant pas compte des dizaines, chaque fois que la somme dépasse 10 on repart à zéro.

Ex : 8 + 4 = 12 donc le point est 2
       7 + 3 = 10 donc le point est 0
       3 +2 = 5 donc le point est 5

Les points de 9 et de 8 comme au Punto Banco sont considérés comme des Abattages.
Quelque soit la combinaison des deux chiffres lorsque la Banque ou le Ponte a le point de 9 ou 8, il doit abattre ses cartes et ne peut tirer. Sinon le coup est rétabli.


     Certains anciens se souviennent encore des parties de Baccara enflammées au Palm Beach ou à Monte Carlo ou les « Bancos » grimpaient au ciel. Quelques grands joueurs de l’époque y ont perdu beaucoup de plumes, parfois même des fortunes colossales, ce qui ne les empêchaient pas vers 8h du matin, lorsque les premiers rayons de soleil venaient caresser les tapis au travers d’épais nuages de fumée, de partager un petit déjeuner princier.

     C’était encore l’époque où l’on pouvait perdre beaucoup d’argent sans se soucier du lendemain, le sourire aux lèvres, un sourire faux peut être, mais les affaires étaient florissantes, le cash coulait à flots, les impôts maigrichons, les charges modestes quasi inexistantes, les hommes politiques moins gourmands et moins avides.

     Malheureusement le chemin de fer a commencé à décliner vers 1970, usé par les 5% de prélèvement qui tombaient au fond du trou de la cagnotte, à la fin de la nuit il ne restait que très peu de gagnants et beaucoup de perdants tant l’érosion de la taille rongeait les masses des enjeux.

     Avec l’avènement des M.A.S. et le succès grandissant de la roulette anglaise, ce jeu a complètement disparu pour laisser place à une catégorie de joueurs plus modestes, plus fragiles. Jadis quelques milliers de joueurs richissimes jouaient des millions de deniers, désormais aujourd’hui ce sont des millions de gens qui jouent des misères, ce jeu était donc destiné à disparaître.



     Règlement et matériel

     Le jeu se joue autour d’une table rectangulaire dont les deux bords sont arrondis, un sabot en bois contenant six jeux de cartes, appelé « Banque » circule de place en place, dirigé par le joueur qui prend la Banque et devient donc le banquier.

     Le Banquier joue contre le « Ponte » qui représente l’ensemble des autres joueurs présents à la table ou debout. Les joueurs sont amenés successivement à prendre la Banque mais ils peuvent la refuser dans ce cas le sabot passe, ou la vendre au plus offrant dans ce cas le joueur ayant acheté le Banco paie le croupier et c’est lui qui gère le sabot en présentant à la table l’intégralité du montant du banco.

     Le croupier est présent pour gérer les paiements, s’assurer que la règle est bien respectée et animer la partie.
En début de partie le croupier décachète 6 jeux de cartes de 52, les mélange en salade puis il confectionne deux tas de carte sensiblement égaux. Il mélange les cartes des deux tas entre elles et constitue un sabot de cartes composé de 6 x 52 = 312 cartes.

     Un joueur peut demander à remélanger dans ce cas après le mélange du joueur, le croupier reprend les cartes et recommence le processus initial. Ensuite il coupe avec la carte bleue et constitue un talon de protection avec la carte rouge, puis insère le gros paquet de jeux mélangés à l’intérieur du sabot en bois. Il brûle 5 cartes et la partie peut commencer.


     Déroulement du jeu

     En ce qui concerne le premier coup joué, soit la Banque est tirée au sort soit achetée par l’un des joueurs à table, ce dernier doit faire une proposition de premier banco, n’importe quel autre joueur peut surenchérir. Celui qui a remporté les enchères devient le premier banquier.

     La table des joueurs représentant le Ponte joue contre la Banque toutefois l’un des joueurs peut proposer au banquier de s’associer avec lui, mais il laisse à ce dernier la gestion du sabot. Le premier banco étant fixé, le croupier rentre en jeu annonçant le montant et plaçant les jetons du banco sur sa large palette en bois souple interpelle les joueurs.

« Messieurs, par petites masses, le banco est à 500 €, allez Messieurs, faîtes vos jeux..... »

Chaque joueur peut mettre devant lui la somme désirée, lorsque le banco est entièrement couvert le jeu peut commencer.
Si un joueur veut faire banco tout seul il est prioritaire, il doit couvrir la somme séance tenante. Si le banco est inférieur aux sommes déposées sur la table, les plus près du sabot dans le sens de la marche sont prioritaires. Un joueur debout peut faire banco tout seul mais il n’est pas prioritaire.

Lorsque le banco est couvert soit par plusieurs mises soit par un seul joueur alors le jeu peut commencer.
Le banquier sort une carte du sabot, la donne au Ponte en général à celui qui a misé le plus cher puis une carte pour lui, ensuite une deuxième carte au Ponte et une deuxième pour la Banque c’est-à-dire pour lui.

Le joueur représentant le Ponte regarde discrètement son jeu, deux possibilités s’offrent à lui.

1 – soit il a 8 ou 9 auquel cas il abat ses cartes et découvre son jeu.
Si le banquier n’a ni 8, ni 9, le Ponte gagne et encaisse, chaque joueur est payé à hauteur de sa mise. Si le banquier a un abattage supérieur c’est-à-dire 9 contre 8 il gagne et rafle les mises. Si le banquier a le même point d’abattage que le Ponte, il y a égalité, le jeu reprend.

2 – soit le Ponte a un point dit naturel, il prend donc la décision soit de tirer soit de rester en s’aidant du tableau de tirage (ci-contre).
Suivant la carte que reçoit le Ponte, le banquier décide alors de rester ou de tirer en s’aidant du tableau de tirage réservé à la Banque (ci-contre).
Ex : le Ponte a X (la carte étant cachée le banquier ignore la valeur du point) demande une carte et reçoit un 8.

Le banquier (d’après le tableau) reste s’il a : 3, 4, 5, 6, 7 et tire quand il a 0, 1, 2. Quand le Ponte a 6 ou 7, il doit rester et ne pas tirer car c’est considéré comme un point fait.
Lorsque chacun a pris sa décision, on retourne les cartes et celui qui a fait le point le plus près de dix gagne, si les deux points sont identiques il y a égalité, on refait le coup en donnant de nouvelles cartes.
     I – Tableau du Ponte

Point du Ponte Décision
0 / 1 / 2 / 3 / 4 Tirer
5 Facultatif / au choix
6 / 7 Rester
8 / 9 Abattre


     II – Tableau du Banquier

Carte donnée
par la Banque a
La Banque reste
quand elle a
La Banque tire
quand elle a
0 / 1 4 / 5 / 6 / 7 0 / 1 / 2 / 3
9 3 / 4 / 5 / 6 / 7 0 / 1 / 2
8 3 / 4 / 5 / 6 / 7 0 / 1 / 2
7 / 6 7 0 / 1 / 2 / 3 / 4 / 5 / 6
5 / 4 6 / 7 0 / 1 / 2 / 3 / 4 / 5
3 / 2 5 / 6 / 7 0 / 1 / 2 / 3 / 4
Le Ponte reste 6 / 7 0 / 1 / 2 / 3 / 4 / 5


Exemple : Le Ponte a X
Il tire 8
Le banquier a 2, il doit tirer
Le banquier a 3, il doit rester
Voilà pourquoi le tableau est important a un point près la décision est radicalement opposée.

Le Ponte reste 6 ou 7 peut-être 5
Le Banquier a 6, il reste
Le Banquier a 5, il tire
La aussi la décision est radicalement opposée pour un point d’écart.

Les tableaux ont été établis par des mathématiciens en tenant compte des probabilités, ils vous donnent la décision optimum mais ils ne vous garantissent pas de gagner à tous les coups.
P.G.
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